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Depuis plusieurs années maintenant, la gare de Genève accueille des travaux d’ampleur visant à renforcer et développer ses infrastructures. Ce vaste chantier s’inscrit dans le programme « Léman 2030 » et dans ce cadre, les CFF modernisent l’enclenchement de la gare, véritable « cerveau » chargé de piloter les aiguillages et les signaux des voies ferrées. Sa mise en […]
Les volets étaient ouverts
Il est midi, le 1er décembre 1943, lorsqu’un jeune militaire français démobilisé s’approche du Foron à Vernaz-Gaillard dans l’intention de passer clandestinement en Suisse. Il jette un coup d’œil sur la maison de Marguerite (Emma) Hediger, citoyenne suisse, établie à quelques mètres de la rivière. Les volets de la demeure sont ouverts et le lieutenant traverse le jardin. Deux douaniers allemands surgissent et mettent le jeune Français en joue. Bien qu’il n’ait aucun document compromettant sur lui et qu’il ne risque qu’une faible peine de prison pour passage illégal de la frontière, le jeune homme bondit vers le Foron. Les Allemands tirent, il est abattu. Il portait de faux papiers au nom de Yves Roland Garin et sera inhumé sous ce nom. Après la guerre l’acte de décès sera rectifié : L’officier tué ce jour-là était en réalité le lieutenant Laurent, Louis, Yvan Génot. Il voulait rejoindre la Résistance à Londres depuis la Suisse. Une rue honore sa mémoire à Gaillard.
Marguerite Hediger n’avait pas fermé les volets. Depuis quelques mois la jeune femme aide les personnes désirant passer clandestinement en Suisse et sa maison sert de relais aux agents de renseignement suisses et français. Elle surveille le passage sur le Foron et signale la présence du danger en fermant les volets de sa maison. Ce matin, elle n’a pas vu la patrouille allemande dissimulée dans le canal désaffecté de la Bédière. Les Allemands perquisitionnent sa demeure et l’arrêtent. Ils lui feront subir de longs et pénibles interrogatoires mais Marguerite Hediger ne dévoilera rien.
Elle sera incarcérée au Pax à Annemasse, sous le numéro 276, puis transférée à Annecy le 14 décembre, elle sera ensuite rapidement envoyée en Allemagne comme travailleuse forcée dans l’usine de turbines Brückner Kanis et Cie à Dresde. Le 28 décembre elle écrit à sa sœur : « Me voici en Allemagne après un long voyage, je suis bien loin de vous et de la France…Nous sommes dans un camp au bord d’une forêt…28 jours aujourd’hui que je ne me suis pas déshabillée. »
Elle survivra miraculeusement au bombardement de Dresde par les Alliés, le 13 février 1945. Elle reviendra en France après la guerre, se mariera et deviendra Mme Marguerite Jacobs.
Texte: Claire Luchetta